Alors que j’imaginais le D53M de chez Bermascope marié pour l’éternité avec le non moins célèbre œil magique EM34, un exemplaire de l’appareil arrivé ces derniers jours à l’atelier est venu bousculer ce postulat qui me semblait immuable.
Mais reprenons dans l’ordre !
L’appareil, un D53M v2 numéroté 7242 robe gris métal et au passé délicieusement incertain, entame sa restauration comme toujours par la partie transformateur et redressement histoire de retrouver les tensions nécessaires au bon fonctionnement des lampes qui l’animent (350Vac, 500Vdc et 6.3Vac). Une fois ce point acquis, on peut espérer faire briller l’œil magique et la suite des opérations consiste alors à retrouver les points de fonctionnements nominaux des différentes fonctions.
Mais une surprise m’attend : l’œil magique n’a pas vraiment l’aspect habituel attendu pour ce type de machine… Jugez-en par vous même sur ces photos où le classique EM34 se trouve à gauche:


Dans mon élan pétris de certitudes je table alors sur une nouvelle panne à investiguer autour de l’EM34, me réjouissant déjà d’un truc de plus à apprendre sur ces sympathiques appareils 😉
Schéma en main, je démarre mes investigations lorsque je tombe sur une résistance de pieds de grille de la lampe franchement décalée par rapport à ce que je trouve d’ordinaire : 2.5k sur les v1, puis 4.7k constaté sur des v2, mais jusqu’alors jamais une 12k comme c’est le cas ici, lecture du code des bandes de couleurs à l’appui !!! Ladite résistance est de surcroît d’une technologie d’époque cohérente avec le reste de l’appareil (i.e. carbone aggloméré), et rien ne semble indiquer une modification plus récente.
En remontant la piste autour de l’œil magique, je note alors qu’il manque une des deux résistances habituelles de polarisation des triodes ! Ce coup-ci, c’est vraiment un écart incohérent et je décide de démonter la lampe qui soudainement m’apparaît bien plus long qu’à l’habitude, énormité que j’avais ratée jusque-là.
Bingo ! Ce n’est pas la référence attendue : la traditionnelle EM34 a été remplacée par une VT-138 (référence américanisée de la 1629).
Direction le web pour dénicher une datasheet qui nous apprends que c’est un indicateur d’accord simple et non double sensibilité… ce qui explique son apparence avec un seul secteur sombre et non deux comme sur l’habituelle EM34.
La question qui reste alors en suspens et de savoir si ce montage finalement parfaitement fonctionnel est le fruit d’une réparation ancienne d’époque ou s’il s’agit d’un montage alternatif lié à une évolution du design. Les concepteurs auraient pu vouloir améliorer la longévité de l’œil, ou plus simplement accéder à un stock d’indicateurs d’accords plus facilement disponible, ou bien encore rendre tout simplement plus lisible l’état de la lampe qui est, dans cette version VT-138, nettement plus contrastée entre zones claires et sombres, ce qui facilite la lecture et l’interprétation des essais.
Si vous êtes propriétaire d’un D53M v2 avec un numéro de série élevé proche des 7000 n’hésitez pas à me contacter pour enrichir l’analyse ci-dessus et essayer de trancher entre réparation, opportunité et design alternatif 😉
PS: le schéma avec le câblage de la VT-138 se trouve dans la section Bermascope-D53M habituelle 😉